Unbound : Une sculpture à Boston qui confronte l’histoire de l’esclavage et célèbre la résistance des femmes noires

Boston, 14 septembre 2025 – Au cœur du Freedom Trail, un nouvel ouvrage d’art

Boston, 14 septembre 2025 – Au cœur du Freedom Trail, un nouvel ouvrage d’art bouleverse la lecture habituelle de l’histoire américaine. Devant la King’s Chapel, au 58 Tremont Street, la sculpture monumentale Unbound a été dévoilée ce week-end lors d’une cérémonie émouvante, rappelant que la quête de liberté, célébrée à Boston depuis 1776, ne fut pas partagée par tous.

Une inauguration chargée de mémoire

La cérémonie a réuni des responsables religieux, des artistes, des militants et des habitants. Les 219 noms connus des personnes réduites en esclavage par d’anciens ministres et membres de la chapelle ont été lus un à un, brisant le silence longtemps entretenu autour de cette histoire. Des chants, des lectures et des moments de recueillement ont accompagné l’événement, transformant le parvis de la King’s Chapel en un espace de mémoire vivante.

Le travail de l’artiste Harmonia Rosales

L’œuvre est signée Harmonia Rosales, une artiste reconnue pour ses peintures et sculptures qui réinterprètent des récits classiques sous un prisme afro-diasporique et féminin. Avec Unbound, Rosales a voulu représenter à la fois la douleur et la résilience : « Cette pièce célèbre les femmes noires qui, partout dans le monde, continuent de lutter pour une liberté véritable », a-t-elle déclaré. Elle a collaboré avec MASS Design Group et la spécialiste de justice réparatrice Roeshana Moore-Evans, qui ont veillé à ce que la démarche soit menée en concertation avec des communautés locales.

Le paradoxe historique du Freedom Trail

Le Freedom Trail guide chaque année des millions de visiteurs à travers les sites emblématiques de la Révolution américaine, symbole de la liberté nationale. Mais comme le rappelle Unbound, l’indépendance proclamée en 1776 excluait encore de nombreuses personnes – en particulier les Africains réduits en esclavage, les femmes et les peuples autochtones. La King’s Chapel, construite au XVIIIᵉ siècle, elle-même fréquentée par des esclavagistes, incarne ce paradoxe : un lieu de culte prêchant la liberté spirituelle tout en profitant matériellement de l’asservissement.

Un impact contemporain

Dans un contexte où les débats sur la mémoire, la réparation et la justice raciale restent brûlants aux États-Unis, Unbound agit comme un miroir pour Boston et au-delà. Elle invite à un travail d’introspection : reconnaître les injustices passées pour mieux affronter les inégalités actuelles. Pour de nombreux visiteurs et Bostoniens, cet hommage permanent transforme un site touristique en un lieu de réflexion critique sur l’histoire et sur la persistance des luttes pour l’égalité.

En rendant visibles des vies longtemps effacées, la sculpture devient plus qu’un monument : un appel à l’éducation continue, au dialogue communautaire et à la guérison raciale. Elle inscrit durablement la contribution des femmes noires à la liberté et à la justice dans le paysage historique de Boston – et rappelle que le chemin vers une liberté véritable reste, encore aujourd’hui, inachevé.