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𝗟’os de Mor Lam


OS cuit

Aujourd'hui, nous avons le plaisir de vous présenter l'un des contes les plus célèbres de la littérature africaine, écrit par Amadou Koumba et recueilli par l'éminent écrivain sénégalais Birago Diop. Ce conte, souvent interprété sur les scènes théâtrales à travers le monde, continue de captiver les spectateurs de tous âges. La renommée de l'histoire d'Amadou Koumba s'étend bien au-delà des frontières de l'Afrique, illustrant ainsi l'universalité des thèmes abordés dans ce récit. En effet, les contes de Birago Diop sont reconnus pour leur richesse culturelle et leur capacité à transmettre des valeurs universelles à travers les générations. L'œuvre d'Amadou Koumba incarne la vivacité et la profondeur de la tradition orale africaine, offrant aux lecteurs du monde entier une fenêtre fascinante sur la culture et les croyances de l'Afrique subsaharienne. Conte du Sénégal

Il était une fois, un homme appelé Mor Lame. Il avait un confrère, « plus que frère », Moussa qu'il aimait très bien.Un jour, Mor Lame cuisait un os de bœuf battu quand « plus que frère » lui rendit visite. Selon la tradition, il dut partager le menu avec son hôte. Or, il n'aimait prendre que de l'os, surtout l'os de la cuisse. Alors, il ne voulut pas accepter son hôte jusqu'à l'heure, où l'os sera ramolli.Pour cela, il fit le mort, se raidit sur son lit et demanda à sa femme d'annoncer sa mort à la population. La femme lui obéit. Tandis que les gens se rassemblaient, son épouse alla le voir et dit : - Mor Lame lève-toi, ils sont prêts à t'enterrer. - Où est l'os ? murmura le faux mort. - Dans la marmite au feu, répondit sa femme. - S'est-il ramolli ? - Oui, il s'est ramolli. - Et Moussa ? - Il est là. ? La population fut présente et on invita ceux qui sont chargés de laver les morts de commencer leur travail. La femme revint vers son mari et reprit « Lève-toi Mor » - « Où est l'os ? » Demanda-t-il. - « Dans la marmite au feu ». - « Et Moussa ?- Il est toujours là. » - Ils veulent te laver. - Oui qu'ils me lavent On le lava et il resta sur la natte dans le linceul blanc. Ensuite, et on le mit dans le cercueil et l'enterra enfin.Son épouse s'approcha du chef fossoyeur et lui demanda de lui permettre de dire une dernière prière à son mari afin que celui-ci soit accepté dans le royaume de Dieu. Le chef fossoyeur accepta sa proposition. Elle alla voir son homme en sanglot et dit : - « Mor lève-toi ! Ils veulent te mettre dans le cercueil et t'enterrer ; lève-toi » - « où est l'os ? » - « Dans la marmite au feu » - « S'est-il ramolli ? » - « Oui il est ramolli » - « Et Moussa ? - Il est toujours là - Qu'on me mette dans le linceul blanc, qu'on me mette dans le cercueil et qu'on m'enterre enfin. »La femme se retourna en larme. Le chef fossoyeur le mit dans le linceul blanc puis dans le cercueil. On entonna des chansons funéraires et le cortège démarra pour le cimetière.On y est déjà arrivé. Le cercueil a dépassé la longueur de la fosse et le chef fossoyeur ordonna qu'on jetât les premières poignées de sable sur celui-ci. A peine la population commença - t'elle à obéir à cet ordre que la femme demanda sa même permission de prière au chef fossoyeur qui accepta. Elle alla dans le trou, se baissa et dit à son mari les yeux pleins de lames. - « Mor lève-toi » - « Où est l'os ? » s'enquit il à travers le linceul et le cercueil. - « Dans la marmite au feu. » - « S'est-il ramolli ? » - « Oui il s'est amolli ». - « Et Moussa ? - Il est toujours là Ils jettent déjà les premières poignées de sable sur le cercueil. - « Ils vont t'enterrer vivant » - « Qu'ils m'enterrent » La femme sortit et l'on combla la fosse de sable. Tous retournèrent à la maison. Le chef de la famille de Mor Larme appela Moussa et lui dit : « Tu as été pendant longtemps le confrère de Mor Larme ; son « plus que frère ». Raison pour laquelle à la fin du veuvage de sa femme, tu la prendras pour épouse. Elle ne commencera à vivre dans d'autres mains que dans les tiennes. Je te la remets. Garde-la bien ». Ainsi donc, Moussa hérita la femme de son ami mort pour avarie, maintenant, il dit à la femme : - « Où est l'os ? » - « Dans la marmite, au feu » - « S'est-il ramolli ? » - « Oui il s'est ramolli. » - « Amène-le pour que nous le mangions ». La femme l'amena à Moussa et ensemble ils le mangèrent. Mor Lame s'est laissé enterrer vivant pour n'avoir pas voulu partager un simple os avec son confrère Moussa. A sa mort, Moussa a pris sa femme et ensemble ceux-ci ont mangé le menu. De toute évidence l'avarice perd tout en voulant tout gagner. Mor Lame en voulant gagner l'os, a perdu et l'os, et sa femme et la vie. Gardons-nous donc de l'avarice et nous vivrons heureux.

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