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Hommage à l’humoriste Antonio.


Oraison funèbre de

l’Ecrivain Calvin Djouari, Frère cadet

lue par Maître Léopold Tatié.



Très cher frère Antonio


Nous sommes rendus à notre dernier rendez-vous, du moins sur cette terre. La vie est une expérience personnelle, chacun de nous la vie selon son cœur. Nous étions quatre au départ dans notre maisonnée : papa, maman, toi et moi. Me voici presque tout seul. Cette solitude persiste autour de moi. Sont heureux comme toi, ceux qui quittent sur la terre avec tant de monde autour d’eux. Généralement dans les familles africaines, on donne les noms des premiers enfants à nos pères et mères, mais mon premier enfant a porté le tien.


La vie n’a pas été facile pour nous deux. Très top, alors que nous n’avions même pas 3 ans, nos parents se séparaient. Cette séparation nous a éloignés durant des années. Je ne peux pas dire qu’on a vécu, mais qu’on a survécu. Nous avons connu les épreuves les plus difficiles de la vie des orphelins : les frustrations, les moqueries, les souffrances les travaux difficiles pour avoir un bâton de manioc.


Nous étions comme enchainés partout où on se trouvait pour des basses besognes. Nous avons étudié avec des bougies ; on avait de la peine pour avoir du pétrole pour notre lampe tempête. Des rares morceaux de pain. Mais grâce au travail, nous avons coupé les chaines de la souffrance. Malgré ce manque, nous étions parfois premiers de la classe et beaucoup de traces sont là qui indiquent que nous sommes restés avec cette rage de vaincre.



Il n’y a personne dans ce monde qui te connait mieux que moi. Tu étais un homme extrêmement secret. Tu fus un éveilleur de conscience, tu suscitais l’enthousiasme, tu faisais rêver les jeunes, qui se livraient au dépassement de soi. Tu avais tes faiblesses mais ton talent est unique.


Nombreux sont ceux qui m’ont appelé pour me rappeler tes souvenirs, ta grande valeur auréolée de générosité. Tu n’as pas fréquenté des écoles d’élite, mais tu pouvais enseigner l’art dans toutes les universités. Tu as marqué ce monde de l’humour. Ce sont les meilleurs qui s’en vont.



La comédie était ta voie, là était ton devoir, tu es une graine qui entre sous terre. Tes œuvres continueront, tes mémoires seront publiés à titre posthume pour perpétuité ton histoire. Maintenant que tu n’es plus là, je dis à ma famille de rester unis, de laisser de côté les vieux réflexes de haine, restons unis. Les hommes dans la vie, peuvent s’insulter, lutter même mais non pas se haïr. Quand on est uni on est fort. Pour finir, je souhaite, en quelques mots dissiper les malentendus et apaiser les inquiétudes. Pour dire que, je suis en paix avec mon frère aîné, je sais qu’il est là et qu’il nous regarde. Il y a longtemps qu’il est pardonné et publiquement devant mes frères et les amis, je lui demande pardon pour les torts que j’ai dû lui causer.




Aimons-nous les uns les autres et ne jugeons pas. Seul Dieu reconnaitra les siens. Adieu Antonio, l’artiste ne meurt pas, il disparait. Très cher frère Ali, ouvre les yeux et tu verras ceux qui t’aimaient vraiment dans ce monde. Dis à notre père Lamdjar Théodore qui a tant souffert pour nous élever, que je suis toujours comme il m’avait laissé. Quant à toi marche tout droit, marche tout droit, marche tout droit. Merci à la famille et aux amis venus de très loin pour lui rendre un dernier hommage, merci à mon grand frère Antonio pour cette belle leçon d’espérance et d’endurance. Vivons et vivons donc.

Cérémonie en image https://o-trim.co/rdw


Calvin Djouari

Ecrivain

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